La climatisation et le style international ayant effacé la géographie, l’aéroport de Bombay aurait pu se trouver n’importe où à travers le monde.
Mais à peine sorti de l’aérogare que le décor et l’ambiance me restituent ; La chaleur, les ordures, les couleurs, les bruits, les odeurs, le désordre, les saris, les turbans, tout prend à la gorge !
Je traverse Bombay à bord d’un tuktuk jaune et noir en direction de ma Guest house.
Mon chauffeur, Bounty, zig zag entre la vie et la mort me donnant des hauts les cœurs. Sa sérénité, mais surtout son âge, me réconforte.
En effet, quelques amis indiens m’ont conseillé de choisir des chauffeurs de taxi plutôt âgés, preuve qu’ils ont de la chance, celle d’avoir survécu à l’épreuve de la route.
Sur le chemin, mon regard est happé par le spectacle qui s’offre à moi. Bombay semble surgir de la jungle, les immeubles sont entourés d’une flore tropicale qui, malheureusement, perd tout son exotisme à la vue de ce magma de bus, scooters, voitures et charrois appartenant à tous les âges.
Après trente minutes de route nous voilà arrivé à l’auberge qui ne se révèle être qu’un appartement aménagé.
Cependant, l’ambiance qui se dégage me met tout de suite à l’aise ; des sacs de voyageurs près de la porte, suggérant le départ imminent de leur porteur, des personnes assises dans un salon à la décoration indienne, d’autres sur leur ordinateur répondant à des mails ou discutant avec leurs proches sur skype. Bref, une ambiance globetrotteur.
Le gérant de l’auberge, Raj, me salue et me tend un bout de papier à remplir avec mon nom, mon prénom, mon adresse, d’où je viens, où je vais, mon numéro de passeport, mon numéro de visa et tout un tas d’autres informations.
À ce moment-là, je ne sais pas que cette formalité m’accompagnera tout au long de mon séjour. L’Inde est un pays où la paperasse administrative règne. Quoique vous fassiez il y a tout un tas de formulaires à remplir (je parle de ce côté complexe ici). La demande de visa pour ce pays n’est qu’un bref aperçu de ce qui attend les voyageurs.
Sachez tout simplement que ce que vous écrivez n’est pas vérifié, remplissez tous les champs et quand vous ne savez pas quoi mettre… Inventez !
Par exemple : Quel est l’adresse du dernier lieu ou vous avez séjourné ? Réponse : Truc muche Delhi
Je rencontre plusieurs personnes dont Mehdi, un Français qui est en stage dans une entreprise française depuis trois mois. On discute quelques minutes puis il me propose d’aller au restaurant du coin. Une Australienne et un Chilien nous accompagnent. Je ne me souviens plus de leur prénom, mais ils étaient sympas.
Au restaurant Mehdi n’a pas du tout peur de boire l’eau du robinet. Un détail qui m’a beaucoup marqué tout simplement parce que le conseil le plus commun est de ne surtout pas boire l’eau du robinet en Inde, au risque de finir avec une belle tourista.
On passe une soirée sympathique. Ces trois voyageurs, qui ne se connaissent pas, sont à Bombay depuis un moment. Chacun me livre sa vision de l’Inde et me donne des conseils d’itinéraire. L’Australienne et le Chilien doivent prendre le train pour Goa le soir même et me recommandent vivement de m’y rendre après Bombay.
Le serveur m’apporte l’addition et je m’étonne du prix si bas pour un si bon repas. Pour 210 roupies (soit trois euros) j’ai eu le droit un gros plat et un dessert. Le problème est que je n’ai pas eu le temps de faire du change et ne possède que des euros. Je demande à Mehdi s’il peut m’avancer 210 roupies et il me dit :
– Pourquoi 210 roupies ? !
– Je n’ai pas eu le temps de faire du change et c’est pour payer mon repas.
– Tu veux payer le repas pour nous quatre ?
– Comment ça, l’addition c’est pour quatre ? !
En effet, mon repas m’est revenu à 65 roupies, soit 0,90 centime. Ce n’est donc pas une légende, l’Inde est vraiment cheap !
Je rentre à l’auberge et rencontre tout un tas de voyageurs posé dans le salon. Je discute avec tout le monde et encore une fois Goa sort de la bouche de pas mal de personnes. Je ne prévois jamais mon itinéraire pour justement pouvoir le construire quand je le souhaite. À ce moment il me sembla clair que Goa était la suite logique après Bombay.
Pourquoi ne pas m’y rendre dès le lendemain ? Me dis-je.
D’après ce que j’ai pu lire et entendre, Goa n’est pas du tout représentatif de l’Inde, loin de là… ,Mais je voyage depuis septembre 2012 et un peu de soleil et de journées relaxantes au bord de la plage me feraient le plus grand bien.
Je questionne Raj sur la possibilité de me rendre au plus vite à Goa. Il me dit qu’il est impossible d’avoir une place de train avant trois ou quatre jours. En Inde il y a un quota de billets de train restreints pour les non-Indiens. En revanche, il y a de nombreux bus qui partent tous les jours dont un pour le lendemain, 19h.
Ok ! Let’s book it ! J’aurai le temps de visiter Bombay une autre fois !
J’étais plutôt content et apaisé de savoir que d’ici quelques jours je serai allongé sur le sable chaud à siroter du lait de noix de coco !
Vers 22 heures je suis dans le salon à discuter avec un groupe cinq voyageurs encore debout. Je n’ai pas sommeil dû au décalage horaire de 5h30.
Brusquement une personne entre dans l’auberge, un agent de film bollywoodien. Enfin c’est comme ça qu’il se définissait. Pour moi il avait juste l’air d’un type qui met des lunettes de soleil le soir, vous voyez le genre.
Cet « agent » faisait la tournée des auberges de Bombay à la recherche de figurants de type occidental pour une scène d’un film indien. Il nous propose à tous de tourner dans une scène le lendemain matin.
Wow, ce n’est pas sur ma TO DO LIST, mais j’accepte l’offre avec plaisir !
Deux américaines sont aussi partantes pour l’aventure, les trois autres voyageurs doivent malheureusement prendre un train plus tard dans la nuit et ne seront donc plus à Bombay le lendemain.
L’agent nous fait savoir qu’un taxi viendra nous récupérer autour de 6h du matin.
Le lendemain matin, à 6h30, une personne vient nous récupérer pour nous emmener sur le lieu de tournage qui se trouve à plus d’une heure de Bombay. Arrivé là-bas, pas le temps de profiter du petit-déjeuner offert, je dois m’habiller pour la scène que je dois tourner.
Honnêtement, je vais éviter de détailler cette expérience qui fut l’une des plus ennuyantes de ma vie. On a répété la scène dans laquelle je tourne au moins cinquante fois! J’ai failli pleurer à la fin. Le point positif dans tout ça est que je suis payé 500 roupies pour trois heures de tournage. Pas grand-chose, mais ça paye à manger pour les deux prochains jours.
En rentrant à l’auberge vers 11h je rencontre Max et Rex, deux Australiens en vadrouillent depuis trois mois en Inde. Lol Max et Rex, le genre de prénom que tu n’entends que dans les séries américaines.
Je leur parle de ma mâtinée et eux me parlent de leur programme de la journée. Max connait bien la ville de Bombay, il l’a visité l’année passée, du coup je me joins à eux après que Max me l’ai proposé. Je n’ai qu’une journée à Bombay autant en profiter pour voir les choses les plus intéressantes.
Après avoir négocier le tarif avec un chauffeur de Tuk-Tuk (chose qu’il faut toujours faire avant de monter), nous nous rendons à la station de train la plus proche, Andheri East station, pour rejoindre le centre-ville de Bombay.
À travers ce labyrinthe d’immeubles inachevés, de rues défoncées et d’égouts crevés, le tuk-tuk qui nous conduit s’englue dans les embouteillages. Nous décidons de continuer à pied sur les derniers mètres. À peine le pied dehors que des enfants viennent m’agripper le bras et portent la main à la bouche pour me persuader qu’ils ont faim.
Les quelques conseils que j’ai pu avoir à propos de l’Inde suggèrent d’éviter de donner de l’argent aux enfants qui mendient. Un réel trafic existe. D’ailleurs un film assez récent, Slumdog Millionaire, traite de cet aspect de l’Inde.
,Mais bon, personnellement ce genre de conseils m’exaspèrent toujours un peu.
Nous continuons notre marche en direction de la gare, un monde fou règne, ça se bouscule ça pousse, sa klaxonne sur la route et le fait d’être les seuls étrangers attire les regards.
Arrivé sur le quai je remarque des indications qui mentionnent le côté femme, le côté homme et le côté handicapé du train.
À l’arrivée du train celui-ci est tellement bondé qu’on se demande s’il ne serait pas plus confortable de monter dans le compartiment des femmes.
À ce moment-là, je me remémore une vidéo qui a circulé il y a quelque temps sur internet et qui montre ce qui arrive aux hommes qui montent dans le compartiment des femmes.
Du coup, vu que je ne veux pas me prendre de baffes, je me dissuade tout seul et nous forçons un peu pour pouvoir monter.
De gros ventilateurs tournent à vive allure pour climatiser le wagon, mais l’absence de portes permet de renouveler un air qui pourrait m’asphyxier. Je m’étonne du calme qui règne à l’intérieur, à Paris un tel monde en heure de pointe dans les transports à tendance à rendre les personnes nerveuses et grincheuses.
Le train démarre, je m’accroche à une poignée pour pouvoir me suspendre légèrement à l’extérieur, comme le font les indiens à côté de moi.
Et là… Quelle expérience !
Je vois Bombay défiler sous mes yeux. Un spectacle qui me fait réaliser que je suis, loin, très loin, à l’autre bout du monde.
Max suggère de descendre à la station « Grant road » pour pouvoir mieux visiter le centre ville de Bombay.
On marche en direction du musée de Gandhi. Dans les rues, l’ambiance a changé, il y a beaucoup moins de monde et l’accoutrement soigné de certains Indiens me fait comprendre que je suis dans un quartier plutôt bourgeois.
Nous arrivons au musée qui se révèle être le bâtiment où Gandhi a vécu entre 1917 à 1934. À l’intérieur, l’endroit est assez intimiste et me donne l’impression de visiter la maison d’un ami.
Au fur et mesure que j’avance dans les pièces, je découvre la vie de ce grand homme à travers des maquettes, des photos de son enfance et adolescence, des objets personnels dont des lettres de correspondance avec des écrivains ou politiciens.
Je découvre même la lettre que Gandhi envoya à Hitler pour lui demander de renoncer à la guerre.
Je découvre sa bibliothèque qui comprend plusieurs milliers d’ouvrages et journaux, rédigés par lui-même ou sur lui. Je découvre des livres sur sa philosophie, des réflexions sur la condition indienne sous la domination britannique, des récits sur la liberté des peuples et autant de sujets s’en rapprochant.
Je monte sur la terrasse et lis sur une plaque en bronze que Gandhi a été arrêté ici même en 1932 par les Anglais. Il avait l’habitude de se réfugier ici pour méditer ou dormir.
Gandhi est mort assassiné en 1948.
Cette visite est vraiment émouvante.
Nous nous mettons en marche vers Banganga. Max me dit que c’est un endroit que la plupart des voyageurs oublient de visiter, pourtant c’est l’endroit le plus magnifique de Bombay.
Et en effet c’est vraiment beau, ce lieu est un ancien réservoir d’eau qui est entouré de marche d’escalier. Ici pas de voitures ni même de tuk-tuk. L’endroit et paisible et silencieux, loin de la foule et des klaxons. Des enfants jouent au cricket sur les marches, des femmes viennent laver leurs linges, des hommes viennent se baigner dans l’eau.
C’est le genre d’endroit calme où vous pourriez vivre paisiblement quelque temps, à l’écart de tout…
On décide de s’asseoir sur les escaliers et de vivre l’ambiance qui se dégage de cet endroit magique.
La légende raconte que Sita avait soif, pour calmé cette soif Rama tira une flèche qui atterrit ici et de l’eau, provenant du Gange, jaillit en ce lieu.
Après quelques blagues et quelques anecdotes sur nos voyages, on se remet en marche, cette fois-ci vers la porte de l’Inde, (Gateway of India). La marche est plutôt longue depuis le Banganga Tank (environs 1h30), mais elle nous permet de profiter de la vue en bord de mer.
Max me dit que La porte de l’Inde est le monument le plus célèbre de la ville. Plus nous nous approchons de ce lieu, plus il y a de monde.
Cet endroit est vraiment infesté de touristes, aussi bien occidentaux que Indiens. D’ailleurs je me fais arrêter par plusieurs Indiens qui souhaitent être pris en photo avec moi. C’est assez surprenant au début, mais j’y prends vite gout.
Après quelques minutes seulement nous fuyons l’endroit, pourtant très beau.
Max me dit qu’il y a un embarcadère juste à côté pour la magnifique Île de l’Éléphanta. Elle tient son nom de la grande colonie d’éléphants de mer qui la peuplaient jadis. Par manque de temps (il était 17h), on décide de ne pas y aller.
On a tous un peu faim et Max propose d’aller dans le café Leopold, qui se trouve juste à côté.
Leopold se trouve à moins de cinq minutes de La porte de l’Inde. C’est un des lieux les plus cultes de Bombay et on peut le remarquer à la file d’attente devant.
Après avoir fouillé nos sacs, les vigiles nous laissent passer. À l’intérieur l’ambiance est belle, conviviale et cosmopolite. De nombreux voyageurs sont attablés, en pleine discussion. Il y a aussi beaucoup d’Indiens au look branché.
On s’assoit, je commande un café, Max et Rex commandent une bière.. (trouvez le français).
L’Indien qui se trouve à ma droite me demande d’où je viens, s’engage alors une conversation avec lui. Il me parle de Bombay et du café Leopold. J’apprends que ce lieu existe depuis le 19e siècle et qu’au départ ce n’était qu’une pharmacie qui s’est transformée par la suite en épicerie. À la fin des années 60 l’endroit devient un restaurant et ce n’est que dans les années 80 que l’endroit connait le succès grâce au guide de voyage Lonely Planet.
L’endroit est tellement culte qu’il figure dans le roman Shantaram, un livre que je vous recommande vraiment. D’ailleurs tout le monde autour de la table semble avoir lu se livre, sauf moi…
Max me fait savoir que je peux corriger mon erreur en achetant le livre près des caisses.
Quelques minutes plus tard deux filles de type scandinave s’assoient à côté de nous. C’est plutôt marrant, car Max et Rex avaient rencontré ces filles à Hampi, la cité où il y a des tas de temples antiques.
On discute de nos voyages et les filles me parlent de leurs mésaventures à travers l’Inde avec les indiens. Des histoires plutôt délirantes !
C’est pas facile de voyager en Inde quand on est une fille, surtout quand on est grande et blonde aux yeux bleus. Carolina me parle ensuite de Goa, là d’où elle revenait.
Merde mon bus pour Goa !
Il est 17h50 et mon bus pour Goa démarre à 19h pile. Avec tout ce que j’ai vécu cette journée cela m’était complètement sorti de l’esprit.
Je salue les filles qui s’amusent de ma situation et je décolle du bar. Max et Rex décident de me suivre et recommandent de prendre un taxi pour aller plus vite.
Après 40 minutes de taxi à travers Bombay, deux chewing-gums et 500 roupies en moins dans les poches, on arrive à l’auberge.
Raj, le gérant de l’auberge, me fait savoir que mon bus décolle dans 15 minutes. Pas le temps donc de prendre une douche pour essuyer cette journée de vagabondage et de sueur. Je fais mon sac de voyage, prends les coordonnées facebook de Max et Rex, dis au revoir à tout le monde et attrape le premier tuk-tuk qui passe.
Dix minutes plus tard, j’arrive à la station de bus. Au loin je repère mon bus de la compagnie « Paolo travel ».
Je cours dans sa direction aussi rapidement qu’un indien, vendeur à la sauvette, décampe sur le Champ-de-Mars à la vue d’un policier.
Je l’ai eu ! Good bye Bombay…
L’auberge dans laquelle j’ai résidé, qui m’a permis d’avoir un chauffeur pour venir me récupérer à l’aéroport et où j’ai pu faire toutes ces rencontres, s’appelle Anjali Homestay.
Vous pouvez réserver via cette page sur Hostel World directement, l’auberge s’appelle Anjali Homestay (tapez simplement « Anjali Homestay » dans la case de recherche, puis choisissez vos dates et vous verrez l’auberge apparaitre dans les premiers résultats).
Si vous voulez tourner dans un film Bollywood, demandez simplement au gérant de l’auberge, Raj !
Le musée Gandhi est ouvert tous les jours de 9h30 à 18h. L’entrée est gratuite.
Voilà l’adresse : 19, Laburnum Road, Mumbai
Il y a plusieurs autres musées près de la porte de Bombay. Certains sont gratuits, d’autres payants, cependant j’ai remarqué qu’il était possible d’y entrer à moindre coût si on possède une carte étudiante ! Si vous en avez une, n’oubliez pas de l’emporter avec vous pour visiter Bombay !
Pour les transports dans la ville de Bombay je vous recommande d’utiliser le train. Il faut normalement payer un ticket pour pouvoir l’utiliser, mais personnellement je n’en ai jamais acheté et je n’ai vu aucun contrôleur… À vous de voir !
Le tuk-tuk est à utiliser pour les petits déplacements.
Mangez dans des streets food si vous voulez économiser de l’argent, la nourriture y est moins grasse, moins sucrée, moins chère, plus fraîche, plus intéressante au goût. La street food en Inde est vraiment ce qui se fait de meilleur et est plus saine qu’au restaurant !
Le taux de change et de minimum 1 euro pour 70 roupies.
Si vous êtes à la fin de votre séjour et que vous souhaitez acheter des souvenirs, je vous recommande le Chor Bazar et le Colaba bazar. Ce dernier se trouve sur la même rue que le café Leopold !
TOUJOURS négocier le prix ! Je donne quelques recommandations dans cet article si vous ne savez pas comment faire : Comment négocier un prix en voyage.
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