C’était lors de mon premier voyage, vous savez celui en 2008 qui a duré quatre mois alors qu’il ne devait durer que 14 jours.
Comme vous vous en doutez, vu les circonstances, je n’étais pas préparé à ce voyage. Pas de vaccin adéquat, pas d’assurance et surtout trois pauvres caleçons avec lesquels j’ai tourné pendant quatre mois.
Heureusement, dans ces conditions on développe des techniques de survies, on s’adapte, on apprend même à faire la lessive tout en haïssant maman de ne pas nous avoir initié aux différentes méthodes pour laver son linge.
Durant ce voyage où chacun de mes pas me menait vers l’inconnu, j’ai été amené à tomber sur des villages, que ce soit au Vietnam au Laos et en Thaïlande, où le seul moyen de communication était les gestes et les dessins.
Fort heureusement durant un voyage en sac à dos, ou en tour du monde, on est amené à rencontrer des globetrotteurs avec qui on se refile conseils et bons plans. D’ailleurs l’un de ces conseils fut bien pratique.
J’avais rencontré un Anglais, Franck, qui voyageait avec tout un tas de photos d’objets sur son téléphone qui lui permettaient de communiquer avec des locaux sans parler la langue.
Par exemple quand il montrait une photo d’assiette et de couverts cela voulait dire qu’il recherchait un restaurant, des photos de toilettes voulaient dire qu’il… bon vous avez compris l’idée.
Je vous invite d’ailleurs à faire de même si vous voyagez dans des coins reculés où l’anglais n’est pas une option.
Là, vous devez vous demander quel est le rapport entre le titre de l’article et ce que j’écris jusqu’à maintenant, et je vous répondrais « minute papillon, j’y arrive ».
Je venais tout juste d’arriver en bus dans ce village dont je ne me rappelle plus le nom. Il était 20heure, une chaleur humide et écrasante comparable à la sensation qu’on peut avoir en rentrant dans un sonna. Heureusement la fraicheur de la nuit arrivait petit à petit.
Affamé, et prêt à manger n’importe quoi, j’errais dans le village avec mon sac à dos à la recherche d’un restaurant où je pourrais me ressourcer.
Grâce à la technique de Franck et des images sur le téléphone, je trouve rapidement un restaurant.
Une jolie petite baraque à la sortie de la ville proposait de quoi me requinquer.
Arrivé dans ce restaurant, je m’y engouffre tel un cow-boy débarquant dans un saloon au milieu du désert. J’ai vraiment eu cette impression quand tous les yeux se sont braqués vers ma personne, il ne manquait plus qu’une boule d’herbe séchée roulant derrière moi sur l’allée principale du village.
A l’intérieur, pas grand monde, trois personnes près du bar, deux vieux monsieur au fond autour d’une table, un jeune près de l’entrée qui devait sortir d’une journée de boulot épuisante et un autre encore plus jeune qui devait être le serveur. D’ailleurs il se hâta de me proposer la carte dès mon arrivée. Tant mieux, j’avais vraiment une grosse dalle. Une journée de bus, ça creuse !
La joie de pouvoir me nourrir fut d’autant plus grande en voyant le menu, en effet à côté de chaque plat se trouvait l’image du plat.
« Je vais enfin pouvoir voir ce que je vais commander » pensais-je.
Oui parce que jusque-là ma méthode dans les restaurants pour choisir un plat, quand je n’arrivais pas à lire un menu, consistait à commander le plat le plus cher et la boisson la moins cher, et vis versa.
Bref, je commande un plat qui ressemblait au poulet frit que j’avais commandé 2 semaines avant dans un restaurant à Hanoï ainsi qu’un jus d’orange. On me sert en moins de deux minutes si seulement la poste pouvait être aussi rapide.
Malheureusement le poulet n’avez pas le gout espéré, tendre mais en même temps très dur à mâcher, je ne reconnaissais pas du tout…
Et c’est à ce moment LA que toute ma perspicacité a refait surface :
« Fuck, c’est pas du poulet ».
Mon ventre criant « continue » et ma mémoire me rappelant cette gastro horrible de quand j’avais 12 ans, j’ai souhaité jouer la carte de la sécurité et appeler le serveur pour lui demander quelle était la composition de ce plat aussi exotique que coloré.
Le serveur étant incapable de m’apporter la réponse à cette question (barrière de la langue), il s’en va appeler le cuisiner dont les bases d’anglais ne sont pas meilleures mais qui avait l’air d’avoir suivi d’excellents cours de mimes. Et en effet en moins de deux je comprends très vite que le mouvement ondulatoire qu’il fait avec son bras représente les oscillations d’un reptile écaillé plus communément appelé « SERPENT ».
Un petit mal de ventre me prend à l’idée d’avoir manger du serpent. Une douleur dont la source était bien plus psychologique que physique quand j’y repense.
Face à la pâleur de mon visage, le cuistot et toutes les personnes se trouvant dans le restaurant se mettent à rire de bon cœur en se moquant gentiment de moi.
Quelques minutes plus tard, le jeune de la table à côté, celui-là même qui avait l’air de rentrer d’une dure journée de boulot, m’offre gratuitement deux verres de quelque chose.
Ces deux liquides dont l’un était rouge vif et l’autre transparent ne m’inspirait pas du tout confiance.
Je le regarde et lui demande :
-What is this ?
Ce par quoi il me répond
-Just drink !
Me disant qu’au point où j’en étais je ne pouvais pas finir plus mal, je me saisis des verres de shot et les bus cul sec l’un après l’autre.
Et je vais vous dire un truc… Je ne crois pas avoir bu quelque chose d’aussi dégueulasse de toute ma vie.
Je le regarde de nouveau et lui demande en toussant :
-What was that ?
Ce par quoi il rétorque
-It’s the blood and the bile of the snake that you just eat. (Traduction : c’est le sang et la bile du serpent que tu viens juste de manger)
-What ?!
La petite expression d’horreur fit rire une nouvelle fois toutes les personnes du restaurant, même les vieux Monsieur assis au fond.
Le jeune, qui parlait un très bon anglais, m’expliqua que manger du serpent était très commun et que c’était le spécialité de la région, surtout de ce restaurant. Le sang de serpent ainsi que la bile de serpent se boivent aussi.
C’est là que le souvenir du film « La plage » (voir mon top 10 des meilleurs films de voyage) me revient à l’esprit avec cette scène au début du film où Monsieur Dicaprio boit un shot de sang de serpent.
Le jeune qui vivait chez sa tante dans ce même village m’aida par la suite à trouver un endroit pour dormir.
Au final quand on voyage, ce n’est pas justement pour être dépaysé ? Tester de nouvelles choses ? Sortir de ses limites ?
A quoi cela sert de partir à l’autre bout du monde si c’est pour se retrouver dans le même confort qu’à la maison, manger la même chose qu’à la maison et ne rester qu’avec des personnes du même pays ?
Nos blocages sont psychologiques pour la plupart et sont imposés par notre culture. Pour un indien, manger du bœuf équivaudrait pour nous à manger son chien.
Voyager c’est aussi savoir ouvrir son esprit, tester et essayer des choses qu’on n’aurait pas forcement fait chez nous. On en ressort toujours grandi.
Ce souvenir de ce petit restaurant au milieu du Vietnam reste inoubliable, surtout quand je me remémore le sourire de ces personnes dans ce restaurant…
Et vous, avez-vous déjà mangé quelques chose qui soit hors du commun pour nous occidentaux ?
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