Au début tu n’avais rien, mais vraiment rien de rien, genre nothing, nada, nulla, walou, nichts, τίποτα, niets !
Brahma s’emmerdait grave dans ce néant sans fin.
Pour y voir un peu plus clair, et éviter de cogner ses gigantesques pieds de 200 kilomètres de long contre les coins des portes cosmiques, il créa le soleil ; une espèce de grosse boule de feu suspendue dans le cosmos intersidéral.
Brahma était plutôt satisfait du résultat, mais à la lumière de ce nouvel astre il prit l’ampleur du travail; l’infini était loin d’être terminé !
Il restait encore pas mal de boulot pour que ça puisse ressembler à quelque chose, surtout au fond à droite et là-bas derrière le bidule où le vide commençait à faire tâche.
Alors Brahma décida de s’arracher une oreille et la roula en boule. La terre fut créée. Ça faisait un mal de chien, tu peux pas t’imaginer ! Du coup il laissa couler quelques larmes de douleur qui vinrent inonder la terre pour créer un océan potable, quoique légèrement salé.
Brahma prit alors quelques poils de son pubis pour créer la végétation et j’te laisse deviner d’où proviennent les animaux qui vinrent peupler le sol de ce nouveau monde.
Tout était parfait. Brahma s’allongea sur l’herbe, la rosée du matin lui rafraichissant ses p’tites orteils.
Mais au bout de 100 000 ans, un 4 décembre exactement, il péta un câble à se faire chier comme un rat mort et soudain, pris d’une folie créatrice dont seul les dieux de level 99 sont capables, il créa d’un seul coup les routes, les camions, les plages, les bécanes et décréta que dorénavant et jusqu’à la fin des temps, le 4 décembre serait la journée mondiale de :
« J’me casse en vacances à la plage ! ».
Aujourd’hui je souhaite partager avec vous un extrait de mon carnet de voyage tel que je l’ai écrit.
Ces lignes concernent mon trajet en moto Royal Enfield de Kerala à Goa en Inde.
Pour vous remettre dans le contexte, je voyageais en Inde déjà depuis quelques semaines.
Arrivé dans le Kerala j’ai rencontré Chris, un Américain qui cherchait à vendre sa moto après un voyage de plusieurs mois avec autour de l’Inde. Il me l’a vendu pour moins de 400 euros.
Pour ceux que cela intéresse, je prépare en ce moment une série de plusieurs articles pour vous aider à bien choisir une moto Royal Enfield et voyager autour de l’Inde avec. Les annonces ne manquent pas, mais les petites arnaques aussi.
Les sangles que m’a filé l’amerloque ne tiennent pas du tout mais j’arrive à fixer mon sac à dos à l’arrière de la moto tant bien que mal.
Le temps de faire un plein qui me coûte 500 roupies (7 euros) et je suis sur la route.
En direction de Goa, la route zigzague entre la vie et la mort : les chauffeurs croient au karma, le destin qui remplace la prudence. Au volant de camions ou de vieilles voitures anglaises, tous foncent et klaxonnent, tandis que les dieux décident du résultat.
Les véhicules privés de karma gisent dans les fossés ; leurs chauffeurs survivent rarement. On ne connaît ici ni service d’urgence ni assurances.
Dans les autocars et par-dessus,
les passagers agrippés au toit, aux fenêtres, aux marchepieds, comme des grappes humaines montés sur roues, saluent d’un grand rire collectif les exploits de ceux qui foncent en sens inverse.
J’ai même l’impression que les chauffeurs calent l’accélérateur avec une brique, pour éviter de ralentir.
L’idée à la con du jour : doubler un camion dans un virage qui se fait lui-même doubler par un bus.
Toi t’es à 10 mètres derrière et tu commences à te dire que… le monde est vraiment petit.
Ça n’a pas manqué, l’accident est arrivé.
En roulant à côté de la voiture accidentée avec ma moto j’évite de regarder la mare de sang. J’ai mis quelques kilomètres à m’en remettre.
J’espère quand même qu’il ne se réincarnera pas en chauffeur de bus…
Je m’arrête vers 16h pour manger quelque chose dans un petit restaurant en bord de route. Je fais la rencontre d’un motard Hollandais avec qui je fais un bout trajet.
J’ai vu pas mal de choses étonnantes sur la route.
Je me fais bloquer pendant plus de 30 minutes par un camion rempli de foin. J’préfère jouer la prudence et rouler tranquillement derrière (oui à une main)…
A l’entrée du Karnataka, devant une barrière rouge et blanche, des gendarmes contrôlent les motos, voitures et camions qui veulent entrer dans ce nouvel État, créant ainsi des bouchons monstres.
Le gouvernement en Inde est rarement l’ami des pauvres et les policer le sont encore moins à l’égard des étrangers chez qui ils voient l’occasion de soutirer quelques roupies.
Comme je m’y attendais, je me fais arrêter. Vu que je n’ai pas encore mon RTO (permis indien) ni les papiers de la moto (en cours à Kerala) le gendarme menace de saisir ma moto et m’annonce que j’irai en prison lol.
Dans sa main ouverte derrière son dos, je glisse un billet graisseux de 100 roupies (1,40 euro).
Par magie, tout s’arrange: un guichet apparaît et vend des autorisations exceptionnelles.
Le pont principal indiqué sur ma carte est cassé, je suis obligé d’emprunter un bateau complétement défoncé pour faire traverser ma moto sous peine de devoir faire un détour de 80 kilomètres…
J’ai pris par le sanctuaire de Bhadra. La route est ignoble, je ne voulais surtout pas la faire de nuit. Malheureusement c’était raté, le soleil se couche déjà sur mes illusions…
Les occasions de se faire prendre en sandwich entre deux camions ou de foncer dans un troupeau de vaches cachées dans un virage n’ont pas manqué… La philosophie du coin prend alors tout son sens.
J’ai prié tous les dieux possibles, leur mère et leurs grandes tantes, pour me réincarner en slip de bain sur une brésilienne de moins de 25 ans et moins de 60 kilos…
La chance et mon instinct de survie m’ont permis de me réveiller le lendemain sur les plages de sables fin et passer quelques jours de « Sex & Drugs & Rock & Roll », mais sans sexe sans drogue et plutôt de la musique techno…
Palolem est la plage dans laquelle Jason Bourne fait son Jogging dans le film La mémoire dans la peau.
Quelque chose qui m’a pas mal intrigué, c’est que toutes les personnes rencontrées posaient la même question :
» t’es tout seul ? »
Ça les étonnait toujours d’apprendre que oui, je voyage seul en moto.
J’ai pas de copine sur le porte pouffe et pas de bande de Hell’s angels pour m’escorter.
Faudra que je lise la constitution indienne, voir si c’est légal de rouler en solo…
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