Voyageons-nous pour fuir la réalité ?

Il y a quelques jours j’étais à cette soirée qu’organisait un pote, l’occasion pour moi de revoir pas mal de monde. Une très bonne ambiance et très bonne musique, jusqu’à ce qu’une amie me donne son avis sur ma façon de voyager. Elle me posait des tas de questions et ne comprenait pas pourquoi je voyageais autant.
Et puis là la phrase fatidique est tombée. Vous savez cette phrase qui lie jugement et psychanalyse à deux francs (oui des francs) :

Tu voyages parce que tu essaies de fuir la réalité !

Ça me fait toujours sourire d’entendre cette phrase. Je me retiens toujours de répondre: « De quelle réalité parles-tu? La tienne? ».
On a tous une opinion différente sur la « réalité ». Et ce n’est pas parce qu’un grand nombre de personnes à une même vision des choses que c’est forcement la bonne.
Quoi qu’il en soit j’ai reçu pas mal de sermons de la famille et d’autres amis qui me disent que je fuis la vraie vie ici en France, que je fuis les responsabilités, que je me fuis moi-même en espérant que ce sera mieux ailleurs, que je remets à plus tard mes choix de carrière, etc…
Vraiment ? Je voyage pour fuir tout ça?

Je crois que tous les voyageurs ont une part de fuite dans le choix d’un long séjour à l’étranger, mais pour deux raisons différentes :

Fuir ses problèmes

La première raison selon moi est que certains essayent de trouver le bonheur dans des choses extérieures comme les aventures et les expériences en espérant échapper à ce qu’ils sont.

Je me souviens de ce voyageur, en Thaïlande, il était dans le même dortoir que moi. Il voyageait depuis 11 ans maintenant mais ne faisait que de se plaindre tout le temps ! Je n’arrivais pas à comprendre. Pourquoi se plaindre de voyager et rester autant de temps sur la route ?

Avec le temps j’ai compris que certains quittaient leur maison parce qu’ils détestaient leur vie là-bas et espéraient trouver mieux ailleurs. Malheureusement ces personnes ne font qu’apporter leurs problèmes avec eux, les trimballant inconsciemment de destination en destination en espérant que ce sera toujours mieux ailleurs.

Au lieu de traiter leurs problèmes, ils essaient de trouver un moyen de leur échapper, ce qui est impossible.
Certes, lorsqu’on voyage, il est plus facile de bloquer nos soucis personnels grâce à toutes ces nouvelles choses excitantes qui nous arrivent, mais nous ne pourrons jamais leur échapper.

Fuir les chemins tracés

Les autres sont des rêveurs qui fuient la société dans laquelle nous sommes packagés en espérant trouver une échappatoire ou des réponses qui leur permettraient de vivre une vie différente de celle dictée, de dire non aux chemins tracés et aux projections d’autrui.

Mais pourquoi devrions-nous accepter la vie telle qu’elle est? Pourquoi ne pourrions-nous chercher quelque chose de mieux ailleurs ? Pourquoi ne pourrions-nous élargir notre vision des choses?

Nous n’avons pas à suivre les règles que la société nous impose comme des robots.
Fuir la réalité, cet aspect de la vie et chercher quelque chose de diffèrent est nécessaire pour évoluer, se développer et ne pas rester coincé dans une situation qu’on ne souhaite pas.

Au final, nous fuyons tous quelque chose

Est-ce vraiment une mauvaise chose que de vouloir fuir certaines emmerdes ou certaines conventions sociales ?
Certains boivent, d’autres se droguent où se tue au boulot en attendant la retraite. Moi je voyage. La fuite est en arrière-plan précédé du désir de découverte, du besoin de liberté, de la recherche du sacré, de l’amour de la nature et des rencontres d’autres personnes. Peut-être que ceci n’est que passager, en tout cas à l’heure où j’écris ces lignes je ne suis alimenté que par cette soif de découverte.

Je ne sais pas si ce billet a été écrit pour me déculpabiliser.
En tout cas amis voyageurs, j’attends vos propres visions à ce sujet…